L’usage massif d’eau par l’IA suscite des inquiétudes : un défi environnemental majeur en 2025
L’intelligence artificielle (IA) n’est pas seulement gourmande en énergie, elle l’est aussi en eau. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), les centres de données, essentiels au fonctionnement de l’IA, ont utilisé plus de 5 000 milliards de litres d’eau en 2023, un chiffre stupéfiant qui dépasse la consommation annuelle d’eau en bouteille dans le monde. Cette information soulève des questions cruciales sur la durabilité des avancées technologiques actuelles. La consommation réelle, après recyclage et évaporation, est estimée à 560 milliards de litres, mais reste préoccupante.
Cette demande en eau a des implications profondes, notamment dans les régions déjà touchées par la pénurie d’eau. Par exemple, Google puise 14 % de son eau dans des zones à risque élevé de pénurie. Alors que l’IA continue de croître à un rythme rapide, les experts s’interrogent sur la viabilité de telles pratiques à long terme. Les prévisions indiquent que la consommation d’eau par les infrastructures IA pourrait doubler d’ici 2030, atteignant 1 200 milliards de litres par an, mettant encore plus de pression sur les ressources hydriques mondiales.
L’impact écologique des centres de données
Les centres de données sont le cœur battant de l’IA, mais leur fonctionnement est loin d’être neutre d’un point de vue écologique. En plus de leur consommation d’eau, ces infrastructures sont aussi d’importants consommateurs d’électricité. Aux États-Unis, par exemple, la part de l’électricité utilisée par ces centres pourrait passer de 4,4 % à 12 % d’ici 2028. En Europe, cette proportion pourrait atteindre 7,5 % d’ici 2035, selon le Shift Project. Cette hausse pose un double problème : l’augmentation de la consommation d’énergies fossiles et une empreinte carbone en expansion.

Le refroidissement des serveurs, nécessaire pour éviter la surchauffe des équipements, est l’un des principaux responsables de cette consommation d’eau. En 2021, Google a utilisé 12,7 milliards de litres d’eau rien qu’aux États-Unis pour maintenir ses infrastructures au frais. Ce chiffre a encore augmenté de 20 % en 2022. Microsoft a également vu sa consommation d’eau bondir de 34 % la même année, une hausse principalement due à l’essor des usages liés à l’IA.
L’empreinte hydrique comparée à d’autres industries
Si l’on compare la consommation d’eau de l’IA à celle d’autres industries, le contraste est saisissant. Par exemple, l’industrie mondiale de l’eau en bouteille, qui semble déjà massive avec une consommation annuelle de 446 milliards de litres, est en fait surpassée par celle des infrastructures IA. Cette comparaison met en lumière l’ampleur du défi environnemental posé par l’IA. Selon Alex de Vries-Gao, fondateur de Digiconomist, l’empreinte hydrique de l’IA pourrait osciller entre 312,5 et 764,6 milliards de litres. Ces chiffres illustrent une consommation qui rivalise avec celle de la consommation mondiale d’eau en bouteille.
En intégrant le cycle de vie complet des systèmes IA, de la conception à l’exploitation, les chiffres deviennent encore plus alarmants. Par exemple, l’entraînement du modèle GPT-3 aurait nécessité plus de 5 millions de litres d’eau, un volume équivalent à la consommation annuelle de 100 Français. Cette situation soulève une question cruciale : comment les entreprises technologiques vont-elles gérer cette consommation d’eau dans un monde où les ressources sont limitées ?
Conséquences potentielles et alternatives
Les conséquences de cette consommation d’eau frénétique sont multiples. Dans les zones où l’eau est déjà rare, l’extraction excessive peut aggraver les pénuries et affecter les communautés locales. Cela peut également avoir des répercussions sur la faune et la flore, perturbant les écosystèmes locaux. Les entreprises technologiques se trouvent donc à un carrefour : continuer sur cette voie pourrait mener à des catastrophes écologiques, tandis qu’adopter des pratiques plus durables pourrait nécessiter d’importants investissements en recherche et développement.
Des alternatives existent toutefois. Les technologies de refroidissement plus économes en eau, comme le refroidissement par air ou l’utilisation d’eau de mer, sont des pistes à explorer. Certaines entreprises investissent déjà dans des infrastructures vertes et cherchent à installer leurs centres de données dans des régions où les ressources en eau sont plus abondantes. Cependant, ces initiatives restent marginales face à l’ampleur des besoins actuels. La pression croissante des régulateurs et des consommateurs pour une plus grande transparence et une utilisation responsable des ressources naturelles pourrait cependant accélérer ces changements.
À mesure que l’IA se développe, une question se pose : le secteur technologique est-il prêt à prendre le virage écologique nécessaire pour atténuer son impact environnemental ? Les prochaines années seront déterminantes pour évaluer la capacité des géants de la tech à adopter des pratiques plus durables.
Les enjeux pour l’avenir de l’IA
L’avenir de l’IA est indéniablement lié à sa capacité à réduire son empreinte hydrique. Alors que la demande pour des technologies IA continue de croître, les entreprises devront trouver un équilibre entre innovation et durabilité. Le rapport de Mistral AI, qui révèle une consommation de 281 000 m³ d’eau pour l’ensemble du cycle de vie de son modèle Mistral Large 2, met en lumière la transparence nécessaire pour évaluer les impacts réels de ces technologies.
La pression sociale et réglementaire pour une IA plus verte s’intensifie. Les entreprises pourraient être amenées à adopter des indicateurs plus stricts et à rendre des comptes sur leur utilisation des ressources naturelles. Certains experts suggèrent que l’IA pourrait devenir un levier pour une gestion plus efficace de l’eau, en optimisant les processus industriels et en détectant les fuites dans les réseaux de distribution. Cependant, ces innovations doivent être mises en balance avec l’impact environnemental inhérent à leur déploiement.
En fin de compte, la capacité de l’IA à se transformer en outil durable dépendra de la volonté des acteurs du secteur de repenser fondamentalement leur approche. Le défi est de taille, mais les bénéfices d’une IA écologiquement responsable pourraient être immenses, tant pour la planète que pour les entreprises elles-mêmes.
La situation actuelle soulève une question existentielle : l’innovation technologique peut-elle vraiment être synonyme de durabilité ? Ou bien sommes-nous condamnés à choisir entre progrès et environnement ? Seul l’avenir nous le dira, mais il est clair que des actions concrètes doivent être entreprises dès maintenant pour garantir un futur viable.
À retenir
- L'IA consomme plus d'eau que l'industrie mondiale de l'eau en bouteille.
- Les centres de données augmentent significativement leur empreinte hydrique.
- Des technologies de refroidissement alternatives sont nécessaires pour la durabilité.
Questions fréquentes
Pourquoi l'IA consomme-t-elle autant d'eau ?
Principalement pour le refroidissement des serveurs dans les centres de données.
Comment comparer la consommation d'eau de l'IA à d'autres industries ?
Elle dépasse déjà celle de l’industrie mondiale de l’eau en bouteille.
Quelles solutions existent pour réduire l'empreinte hydrique de l'IA ?
Des technologies de refroidissement plus économes, comme l’utilisation d’eau de mer, sont explorées.